aïeul

aïeul

aïeul, aïeule [ ajɶl ] n.
XIIe; lat. pop. °aviolus, aviola, class. avus, avia
1Vx Grand-père, grand-mère. Ses aïeuls paternels.
2Au plur. Littér. Les aïeux [ ajø ]. Ancêtres. « qui sert bien son pays n'a pas besoin d'aïeux » (Voltaire).
Loc. fam. Mes aïeux ! s'emploie comme si on prenait ses ancêtres à témoin d'une chose remarquable. « celui-là, mes aïeux, il n'y a pas moyen de s'en débarrasser » (Queneau).

aïeul, aïeule
n.
d1./d (Plur. aïeuls, aïeules) Grand-père, grand-mère. L'aïeul somnolait au soleil.
d2./d Litt. (Plur. aïeux) Ancêtre. Nos aïeux ont beaucoup guerroyé.

⇒AÏEUL, EULE, EULS, EULES, subst.
I.— DR., GÉNÉALOGIE. Ascendant direct d'une même lignée.
A.— Au sens restreint. Grand-père, grand-mère. Aïeul paternel, — maternel. Anton. petit-fils, petite-fille :
1. Si le père et la mère sont morts, ou s'ils sont dans l'impossibilité de manifester leur volonté, les aïeuls et aïeules les remplacent : s'il y a dissentiment entre l'aïeul et l'aïeule de la même ligne, il suffit du consentement de l'aïeul.
Code civil, 1804, p. 31.
2. ... il [M. d'Épinay] calculera que Valentine, d'ailleurs, est riche du bien de sa mère, administré par M. et Mme de Saint-Méran, ses aïeuls maternels, qui la chérissent tous deux tendrement.
A. DUMAS Père, Le Comte de Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 26.
3. À mesure que l'enfant grandissait, de lointaines ressemblances, s'ébauchant sur son visage, émouvaient doucement l'aïeule. N'était-ce pas le regard de sa fille qui luisait dans ces yeux bleus? N'était-ce pas la bouche du père, plissée d'un bon rire?
É. MOSELLY, Terres lorraines, 1907, pp. 67-68.
B.— Au sens large
1. Ascendant (encore identifié) du 4e degré ou au-dessus. Quatrième aïeul, etc. (p. oppos. à bisaïeul, trisaïeul) :
4. Il [Fabrice] se souvint que son septième aïeul, le petit-fils de celui qui arriva à Milan à la suite de Sforce, eut l'honneur d'avoir la tête tranchée par les ennemis du duc...
STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839, p. 73.
P. ext. (notamment au fém. plur.). Ascendant anonyme plus éloigné que les grands-parents ou que les grands-mères :
5. ... tout, en ce domaine antique, a gardé sa physionomie des vieux âges; tout semble parler encore des coutumes anciennes, des mœurs d'autrefois, des galanteries passées, et des élégances légères où s'exerçaient nos aïeules.
G. DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, Jadis, 1883, p. 597.
2. Celui, celle qui est à l'origine d'une famille. Synon. ancêtre :
6. DON RUY GOMEZ, montrant le vieux portrait.
Écoutez! — Des Silva c'est l'aîné, c'est l'aïeul, l'ancêtre, le grand homme!
V. HUGO, Hernani, 1830, III, 7, p. 79.
7. Il [Henri Ier l'Enfant, petit-fils de Ste Élisabeth] est la tige de toutes les différentes branches de la maison de Hesse, avec lesquelles la plupart des maisons souveraines de l'Europe se sont alliées, en prenant ainsi part au glorieux privilège d'avoir sainte Élisabeth pour aïeule.
Ch. DE MONTALEMBERT, Hist. de sainte Élisabeth de Hongrie, 1836, p. 331.
C.— P. ext. Membre le plus âgé d'une famille, vieillard :
8. C'était du côté d'Armide (...), la tante, l'aïeule de la famille...
L.-F. CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 50.
9. Il était pour eux [trois jeunes] le vieillard dont on sait que tout allait bien de son temps, quand il croyait être l'aïeul respecté dont l'expérience fait poids. Les jeunes ne savent pas que l'expérience est une défaite et qu'il faut tout perdre pour savoir un peu.
A. CAMUS, L'Envers et l'endroit, 1937, p. 44.
Rem. Le mot est fréquemment associé avec des termes laud. a) Adj. auguste aïeul, aïeul éternel, aïeul illustre, aïeul immortel; b) Subst. gloire de l'aïeul.
II.— Emplois anal. ou fig.
A.— [L'ancêtre est une pers. individuelle ou coll., mais le rapport d'antécédence n'est pas du domaine biol.] Ancêtre d'une famille spirituelle, précurseur.
1. [L'ancêtre est une pers. individuelle]
a) [Correspond à grand-père] :
10. ... il faut qu'une œuvre soit bien vivante encore pour qu'après un siècle et demi, nous ne cessions de nous en défendre — et avec cet emportement! L'aïeul Jean-Jacques est plus jeune que son fils Chateaubriand et que ses petits-fils, les Romantiques.
F. MAURIAC, Mes grands hommes, 1949, p. 87.
b) [Correspond à ancêtre] :
11. Une belle et grande étude, par exemple, sur Aristophane, considéré non comme un poète, mais comme l'aïeul de tout le parti Rivarol de l'esprit humain, l'ancêtre du journalisme, l'aristocrate sceptique.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, avr. 1858, p. 459.
2. [L'ancêtre éloigné est une collectivité hum.] :
12. Voilà les débris de sa métropole [de l'antique royaume d'Éthiopie], Thèbes aux cent palais, l'aïeule des cités, monument d'un destin bizarre. C'est là qu'un peuple maintenant oublié, alors que tous les autres étaient barbares, découvrait les éléments des sciences et des arts.
C.-F. DE VOLNEY, Les Ruines, 1791, p. 29.
B.— [L'ancêtre n'est pas une pers., mais le rapport généalogique est comparable à celui qui relie les pers.; correspond à ancêtre, plus rarement à grand-père ou à grand-mère] Ce qui est à l'origine de quelque chose, ce qui précède et est continué par quelque chose.
1. [En parlant d'animaux ou de plantes] :
13. ... elles [les sœurs pies] répondaient à l'appel de l'ancêtre Margot, la vieille pie de la forêt qui les conviait à se rassembler dans le chêne ou dans le foyard qu'elle avait soigneusement choisi pour la nuit, selon la lune, le temps, les vents ou autres accidents secondaires, et que son instinct de bête, augmenté de sa prévoyance d'aïeule, lui avait fait élire entre tous.
L. PERGAUD, De Goupil à Margot, 1910, p. 176.
14. Il n'y a ici [dans un champ] que des plantes issues d'aïeuls illustres, illustres par leur rapport avec un homme de l'histoire...
A. ARNOUX, Calendrier de Flore, 1946, p. 285.
2. [En parlant d'inanimés concr. ou abstr.] :
15. Imaginez le phénomène le plus vulgaire, l'élasticité par exemple, ou tel autre qu'il vous plaira choisir. Maintenant je ne suis pas difficile; je ne demande ni les aïeules, ni les trisaïeules du phénomène, je me contente de sa mère : hélas! Tout le monde demeure muet...
J. DE MAISTRE, Les Soirées de Saint-Pétersbourg, 1821, p. 369.
16. Le plomb est l'aïeul de tous les métaux. (...) Il ne faut au plomb que quatre périodes de deux cents ans chacune pour passer successivement de l'état de plomb à l'état d'arsenic rouge, de l'arsenic rouge à l'étain, de l'étain à l'argent.
V. HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 204.
17. Je revenais par ces chemins d'où l'on aperçoit la mer, et où autrefois, avant qu'elle apparût entre les branches, je fermais les yeux pour bien penser que ce que j'allais voir, c'était bien la plaintive aïeule de la terre, poursuivant, comme au temps qu'il n'existait pas encore d'êtres vivants, sa démente et immémoriale agitation.
M. PROUST, À la recherche du temps perdu, Sodome et Gomorrhe, 1922, p. 1012.
C.— [Le suj. du rapport d'antécédence et le rapport lui-même appartiennent également au domaine des valeurs intellectuelles ou spirituelles] Même sens :
18. ... le langage dont Molière se moque [dans les Précieuses ridicules] était sans doute l'aïeul du style d'un Mallarmé, d'un Marcel Proust, d'un André Gide, d'un Giraudoux, d'un Jacques Rivière.
J. COCTEAU, Poésie critique 1, 1959, p. 69.
Rem. Les emplois mentionnés sous II ne prétendent pas à l'exhaustivité; ils ne représentent que des échantillons des variations possibles autour des emplois indiqués sous I.
Prononc. ET ORTH. — Cf. aïeux.
Étymol. ET HIST. — Cf. aïeux.

aïeul, eule [ajœl] n.
ÉTYM. XIIe; du lat. pop. aviolus, aviola, du lat. class. avus, avia.
———
I
1 (Plur. aïeuls, aïeules [ajœl]). Vx ou littér. Grand-père, grand-mère. || Aïeul paternel : le père du père. || Aïeul maternel : le père de la mère. || Aïeule paternelle, aïeule maternelle. || Les aïeuls : le grand-père et la grand-mère, ou le grand-père paternel et le grand-père maternel. || Il a encore ses deux aïeuls. Ascendant, grands-parents, et les comp. bisaïeul, trisaïeul. || « Quand on parle des degrés plus éloignés, on dit quatrième aïeul, cinquième aïeul, etc. » (Académie).
1 Ils (ces hommes rares) n'ont ni aïeuls ni descendants : ils composent seuls toute leur race.
La Bruyère, les Caractères, II, 22.
2 (…) faire entrer dans toutes les conversations ses aïeuls paternels et maternels (…)
La Bruyère, les Caractères, VIII, 20.
3 (…) cette disposition (…) qui passe des aïeuls par les pères dans leurs descendants (…)
La Bruyère, les Caractères, IX, 41.
2 Fig. Précurseur; celui ou ce qui est à l'origine de quelque chose, d'une famille spirituelle.
3.1 Ces monceaux (…) que le Nil arrose, sont les restes des villes opulentes, dont s'enorgueillissait l'antique royaume d'Éthiopie. Voilà les débris de sa métropole, Thèbes aux cent palais, l'aïeule des cités, monument d'un destin bizarre.
Volney, les Ruines…, éd. Desenne, p. 26.
3.2 Je revenais par ces chemins d'où l'on aperçoit la mer, et où autrefois, avant qu'elle apparût entre les branches, je fermais les yeux pour bien penser que ce que j'allais voir, c'était bien la plaintive aïeule de la terre (…)
Proust, Sodome et Gomorrhe, Pl., t. II, p. 1012.
———
II Aïeux [ajø] n. m. pl.
1 Littér. a Ceux de qui l'on descend, ou ceux qui ont vécu dans les siècles passés. Ancêtre, père (nos pères); par plais. Aves et ataves.
4 On ne suit pas toujours ses aïeux ni son père.
La Fontaine, Fables, VIII, 24.
5 Quelque autre te dira d'une plus forte voix
Les faits de tes aïeux et les vertus des rois.
La Fontaine, Fables, Dédicace à Mgr le Dauphin.
6 (Le médecin Tant-pis soutenait) que le gisant irait voir ses aïeux.
La Fontaine, Fables, V, 12.
7 Les mortels sont égaux. Ce n'est pas leur naissance,
C'est la seule vertu qui fait leur différence,
C'est elle qui met l'homme au rang des demi-dieux,
Et qui sert son pays n'a pas besoin d'aïeux.
Voltaire, Éryphile, III, 20.
8 Le premier qui fut roi fut un soldat heureux;
Qui sert bien son pays n'a pas besoin d'aïeux.
Voltaire, Mérope, I, 3.
9 Nos bons aïeux vivaient dans l'ignorance.
Voltaire, le Mondain.
Par ext. Ancêtres d'une ville, d'un peuple, etc. || Nos aïeux avaient des coutumes qui nous surprennent.
Vx. || Les aïeules : les femmes des siècles passés ( Mère).
10 Mais qui m'assurera qu'en ce long cercle d'ans,
À leurs fameux époux vos aïeules fidèles,
Aux douceurs des galants furent toujours rebelles ?
Boileau, Satires, 5.
b Fig. Précurseur, personne qui est à l'origine de quelque chose.
11 Ducis, pour certains accents religieux, grandioses et doux, est un parent de Chateaubriand, de même qu'il est un de nos pères et de nos aïeux en rêverie.
Sainte-Beuve, Nouveaux lundis, 1863-1896, éd. Calmann-Lévy, 1888, p. 365, in T. L. F.
2 Loc. fam. (Exclam.). Mes aïeux !, s'emploie pour souligner l'importance, le caractère exceptionnel de quelque chose.
12 Mais si vous aviez fréquenté comme moi le pou de vêtement, celui-là, mes enfants, alors celui-là, mes aïeux, il n'y a pas moyen de s'en débarrasser.
R. Queneau, Loin de Rueil, p. 20.
CONTR. Descendant, fils, fille (fig.), petit-fils, petite-fille.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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